Une action d’intégration d’immigrésC’est le travail de Caroline P. engagée dans une action d’intégration d’immigrés avec sa structure. Ce n’est pas du bénévolat dans lequel beaucoup sont engagés, également. Elle nous le raconte.

Le cadre de l’action

« Dans le cadre de mon travail, j’ai pris part à une expérimentation permettant à des migrants régularisés sur le sol français, quelque soit leur statut, leur âge, leur origine sociale et géographique (hors UE) de valider leur expérience professionnelle.

Le dispositif est parti du constat que :

  • 45% des personnes âgées entre 25 et 36 ans ayant signé le Contrat d’Intégration Républicaine, avaient déjà eu une expérience professionnelle dans leur pays
  • Et qu’il y avait 400 000 emplois non pourvus en France

Ce dispositif apparait donc comme LA solution pour les migrants et les entreprises françaises.

Cependant, au fil de l’accompagnement de ces personnes, il s’est avéré que c’était bien plus qu’une certification qu’elles venaient chercher, mais bien une reconnaissance de ce qu’elles sont en tant qu’humain. »

La prise en compte de leur vécu antérieur

« En effet, dès les premières réunions d’information, quand je leur annonce que leur expérience professionnelle peut être prise en compte pour obtenir un titre professionnel reconnu au niveau national, leurs yeux s’éclairent. Ainsi elles ne sont pas contraintes de faire table rase de leur passé. De recommencer à zéro sur le plan professionnel, de repartir sur les bancs de l’école pour réapprendre un nouveau métier ou un métier qu’elles ont déjà pratiqué pendant tant d’années… Leur vécu professionnel a de la valeur, leur vie d’avant est prise en compte. Elles entrevoient le bout du tunnel qu’elles ont commencé à traverser pour certaines depuis des années. C’est un tremplin vers un avenir professionnel sur le territoire où elles ont choisi (ou pas) de s’installer. »

Faire le point pour chacune

« A l’issue de cette réunion, plusieurs entretiens individuels sont nécessaires, pour leur permettre de se poser, de faire le point sur ce qu’elles savent faire mais aussi sur les lacunes qu’elles peuvent avoir par rapport aux exigences du métier en France. Mon bureau devient alors un sas, un endroit où elles se sentent en sécurité, où elles peuvent parler de leur expérience, de leur vécu si elles le souhaitent. Je les écoute, les accompagne dans leur démarche, cherche les solutions les plus appropriées à leur parcours. Chaque personne a son projet propre bien ficelé ou non, je suis là pour les aider à discerner ce qui est important pour eux. J’oriente certaines vers une formation en langue française, d’autres vers une formation métier, et une dizaine ira au bout du parcours de Validation des Acquis de l’Expérience et se présentera devant un jury pour valider son titre professionnel. »

Une multiplicité de situations

« Ainsi J., 24 ans, dominicaine, a une expérience en hôtellerie. Son expérience pouvait correspondre à deux titres professionnels : Chargée d’accueil et de tourisme et réceptionniste en hôtellerie. Elle a opté pour le second. Après une remise à niveau concernant notamment la législation du tourisme en France, la voilà prête à se présenter pour la certification. Elle qui ne s’est jamais sentie épaulée ni aidée notamment par Pôle Emploi, a enfin trouvé une écoute et une issue.

H., 36 ans, algérienne, fait des ménages dans les écoles, et, après une formation de 35 heures sur le bionettoyage, elle peut se présenter au certificat du titre professionnel Agent de Propreté et d’Hygiène concernant le nettoyage manuel.

G., 26 ans, somalien, qui a plus de difficultés en français était assistant mécanicien dans une entreprise familiale. Les attendus du métier en France sont très différents de ce qu’il a connu (utilisation de ponts élévateurs, connaissance en électronique,…). Je l’oriente donc vers une Reconnaissance des Savoir-faire Professionnels (attestation interne à mon organisme de formation).

A., syrien, était accompagnateur de journalistes en Turquie. Il souhaite être guide touristique. Son expérience étant trop éloignée des attendus du titre professionnel correspondant, je l’oriente vers une formation dans laquelle il s’investit à fond. Avec moi et pendant que nous essayions ensemble de cibler ce qui était le mieux pour lui tout en prenant en compte ses contraintes (papa solo d’un petit garçon), il a pu exorciser son passé pour trouver sa voie vers un avenir en France.

Tous ont le désir de s’intégrer de leur mieux en France.

En revanche Y., 39 ans, a un tout autre parcours : avocat au Soudan et réfugié politique en France, son projet est tout tracé : ne pouvant pas reprendre son métier en France, il a bénéficié d’un contrat d’insertion et a acquis une expérience de peintre en bâtiment en France. Il a souhaité valider cette expérience par un titre professionnel afin de pouvoir créer son entreprise. Dès la naturalisation acquise il envisage de partir en Irlande pour reprendre sa fonction d’avocat dans une langue qu’il maîtrise mieux : l’anglais. »

Une satisfaction d’être estimée

« Se lit alors la fierté d’avoir pu aller jusqu’au bout, d’avoir validé un diplôme français, c’est LE passeport pour un emploi sur le sol français.

Qu’elles soient allées ou non au bout de la démarche, chacune a pu bénéficier de cette parenthèse, de mon écoute bienveillante, et d’une orientation correspondant vraiment à son aspiration. »

 


HOPE : un dispositif d’utilité sociale qui a fait ses preuves
Déployé à l’Afpa depuis 2016, le programme HOPE, acronyme d’Hébergement, Orientation et Parcours vers l’Emploi, est un dispositif gouvernemental favorisant l’intégration des publics réfugiés dans la société et leur insertion dans l’emploi. (Source : www.afpa.fr)


 

Cet article est l’occasion de porter à la connaissance des lecteurs de l’appel de 60 personnalités aux candidats à la présidence de la république pour appuyer les paroles du pape François, à Lesbos le 5 décembre 2021, rappelant que « le repli sur soi et les nationalismes mènent à des conséquences désastreuses ». La présidente de Sant’Egidio France et une soixantaine d’autres personnalités française ont signé cet appel :
SantEgidio_Appel des 60 aux candidats à la présidence de la république

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