Engagé avec les centres sociauxDepuis de nombreuses années, Michel Chilaud est engagé avec les centres sociaux.  Les centres sociaux
sont des foyers d’initiatives portés par des habitants associés appuyés par des professionnels,
• leurs valeurs de référence sont la dignité humaine, la solidarité et la démocratie,
• ils agissent avec une vision globale de la vie humaine, des compétences des hommes et des femmes et du territoire où ils vivent, des méthodes participatives, opérationnelles et responsables, un partenariat actif et ouvert,
tels qu’ils se définissent eux-mêmes dans leur charte fédérale et que nous rapportons partiellement ici.

Michel Chilaud a bien voulu répondre à nos questions sur cet engagement : 

Engagé avec les centres sociaux

Humanité Nouvelle : Il y a quelques années, tu habitais une commune à quelques kilomètres à l’ouest d’Angers. C’est là que vos enfants ont grandi. Tu étais président du Centre Social dont les activités couvraient plusieurs communes de ce territoire rural. Quelles étaient les actions de ce centre ? Quelles sont les actions des centres sociaux ?

Michel Chilaud : Après ma fin de vie professionnelle (en 2002), on m’a demandé d’aider à la communication pour un Centre Social qui se créait sur le canton. Je ne savais pas ce qu’était un Centre Social. Je pensais, comme beaucoup, que c’était un lieu où ceux qui avaient des problèmes allaient chercher réconfort et aide concrète. Petit à petit j’ai pu constater que ce n’était pas dans un Centre Social que se faisait cette aide, mais dans un CCAS (Centre Communal d’Action Sociale). Le Centre Social est un lieu de création de lien social.

On m’a demandé au début d’aider des agriculteurs à maitriser l’informatique, puis on a ouvert cette activité à ceux qui le souhaitaient. C’est comme cela que l’initiation à l’informatique est née et chaque année plus de 50 personnes venaient. Certains n’avaient jamais touché une souris… et en avaient peur. Des Papys ou des Mamies se formaient pour pouvoir échanger avec les enfants ou petits-enfants.

Une autre fois une maman qui avait de la disponibilité l’après-midi est venue nous voir en disant qu’elle savait faire des objets en cartonnage, si cela intéressait d’autres personnes… On a fait de la pub dans le journal du Centre Social Intercommunal et des échanges de savoirs se sont créés. Chaque année une soixantaine de personnes échangent leurs savoirs (cartonnage, couture, taille de rosiers, peinture sur soie, généalogie…) avec d’autres. Ce que l’on appelle l’éducation populaire.

Et puis on m’a demandé de participer au Conseil d’Administration, puis au bureau. Et le président voulait que quelqu’un prenne sa relève, j’ai donc passé 8 mois avec lui à chaque réunion pour prendre connaissance du poste. C’était quelqu’un avec qui j’avais travaillé professionnellement et que j’appréciais. C’est comme cela que je suis devenu président de ce centre.

Dans les réalisations, il y a eu aussi le lancement des espaces jeunesse dans les communes du canton avec l’embauche d’animateurs. Cela a été un certain nombre de réunions avec les élus, adjoints pour valider l’idée, mais aussi d’obtenir les financements. Certaines années, jusqu’à 300 jeunes différents profitaient des animations faites par le Centre Social. Et nous avons embauché 3 animateurs jeunes et un coordinateur jeunesse.

Une autre réalisation qui nous a donné beaucoup de travail avec la directrice salariée a été la création de 27 places de crèches en lien avec une association locale, la CAF et surtout les maires du territoire, avec lesquels nous avions des réunions mensuelles. Souvent le midi autour d’un repas frugal.

Et puis, il me paraissait important de préparer la suite (je ne savais pas qu’on déménagerait). J’ai donc pu pendant plus d’un an former la personne qui me remplacerait comme président. Ce qui fait que quand nous avons décidé de déménager pour nous rapprocher de la ville pour aider nos enfants et petits-enfants, cela s’est fait sans rupture.

Humanité Nouvelle : Les enfants partis, ton épouse et toi avez déménagé pour vous installer dans la banlieue d’Angers. Quittant ce territoire, tu mettais fin à ta présidence et à tes activités dans le Centre Social. Là, dans ta retraite, on est venu te chercher pour animer l’échelon départemental. Tu n’as pas répondu non. Qu’est-ce qui te motive dans ces engagements ?

Ce qui me motive

Michel Chilaud : En vérité, je faisais toujours partie du conseil d’administration de la fédération, car j’étais un administrateur qualifié. C’est-à-dire que je faisais partie du conseil d’administration car j’avais des compétences reconnues dans le domaine informatique, sites Internet… Aussi quand la fédération a décidé de déménager son siège de Cholet à Angers, la présidente m’a demandé de prendre plus de responsabilité dans le bureau et pourquoi pas sa place… Je lui ai répondu que ce n’était pas dans mes plans, mais que je verrai avec mon épouse. J’ai l’habitude de prendre l’avis d’amis de grande confiance ; pour moi, cette communion fraternelle est fondamentale. Je leur ai fait part de cette demande. Leur réaction a été unanime : « Vas-y ». Par contre avec Marie Noël cela a été moins enthousiaste car elle se doutait bien de l’engagement que c’était. Finalement nous avons décidé que je dirais oui à la présidente. Elle a été surprise et contente. Peu de temps après elle a eu de graves ennuis de santé qui ont fait que j’ai dû prendre la présidence plus vite que prévu et aussi au niveau régional, car personne ne voulait prendre cette responsabilité.

Ce qui me motive ? Dans la période où j’ai pris ma décision, j’étais engagé au niveau national dans l’équipe de Diaconia [1] pour la partie Internet. Et lors du congrès des Centres Sociaux qui s’est déroulé peu après Diaconia à Lourdes, j’ai entendu les mêmes mots, mais dits d’une façon laïque. « Faire avec les habitants, faire avec les plus pauvres, chacun est porteur d’une richesse… » et je me suis dit qu’il y avait une cohérence entre ce que je vivais là et mes convictions profondes et ce monde uni à construire.

Une autre chose aussi que j’ai découvert c’est la gouvernance des Centres Sociaux : un binôme président bénévole / directeur salarié. Nous essayons de mettre en œuvre cette gouvernance avec les salariés, les administrateurs, les élus et les partenaires. C’est d’une telle richesse dans les rapports au quotidien pour construire des projets proposés par les habitants que par moment ton cœur se dilate, tu vois les gens évoluer pour le bien commun. Par moment dans des réunions j’étais là à regarder et me dire : « C’est ça le monde uni ! On peut le construire ici et maintenant ».

Cela passe d’abord par une relation personnelle…

Humanité Nouvelle : À ce poste tu rencontres un public plus large : ceux des autres Centres Sociaux de la région, avec leur grande diversité mais aussi des décideurs de la vie politique. Nous étions ensemble aux 10ièmes  Rencontres de l’Observatoire national De l’Action Sociale (ODAS) et je t’ai vu saluer de nombreux participants, y compris des élus de la ville d’Angers où nous étions. C’est probablement, à la fois, un enrichissement et des difficultés. Qu’est-ce que tu peux nous en dire ? Comment le vis-tu ?

Michel Chilaud : Mais le travail de président départemental ou régional n’est pas le même que celui d’un centre. Il y a une part importante de « représentation » et cela n’est pas simple pour moi qui suis timide (même si cela ne se voit pas). Je dois représenter ma structure, les centres sociaux qui sont fédérés chez nous, les défendre, les mettre en valeur. Faire des discours divers, comme l’inauguration de nos locaux, où j’ai commencé la série des sept discours devant plus de 150 personnes !

Mais pour moi cela passe d’abord par une relation personnelle avec mes interlocuteurs que ce soit le président ou le directeur de la CAF, le maire d’Angers (qui est aussi président de l’ODAS) ou ses adjoints (que je côtoie à la paroisse), ou des élus de l’opposition municipale. C’est la même chose au niveau régional dans le conseil d’administration du centre de ressources des grandes villes de l’Ouest, à la Direction Régionale Jeunesse et Sport. Mais des fois c’est de la représentation sans réel contact relationnel… Là on se demande si on ne serait pas mieux chez soi… Mais non, il faut être présent et saisir les occasions de dialogue avec l’un ou l’autre !

Par contre les difficultés ne manquent pas au niveau de l’Union Régionale, car en vérité c’est au bon vouloir de chacune des trois fédérations que de travailler ensemble pour la région. Il y a la surcharge de travail, les caractères de chacun, les histoires des trois fédérations qui font qu’il y a des anciennes rancœurs… J’essaye dans tout cela de construire cette unité. J’avoue qu’il y a six mois j’ai failli jeter l’éponge. Mais en partageant cette situation au niveau départemental, voire national, j’ai pu prendre du recul. J’ai demandé une modération avec le délégué national et après quelques souffrances où l’on a pu se dire ce qui nous faisait mal, on a pu repartir sur de bonnes bases. Avec de vraies relations de confiance, malgré nos différences de tempérament. C’est tout frais, il faut peu de choses pour retomber, mais on sent que tout le monde a envie de construire cette Union.

Mais une satisfaction c’est de voir que depuis que je suis président départemental nous avons doublé le nombre de centres adhérents à notre fédération. Ils ont vu le travail qui s’y fait et ont envie de participer à cette aventure d’être ensemble en réseau à construire une société plus respectueuse des habitants et de leurs aspirations. Merci de cette occasion de vous partager mon engagement dans la vie sociale.

[1] D’après http://diaconia2013.fr : L’objectif premier de la démarche est d’appeler les communautés à vivre davantage, dans la réciprocité, la fraternité et l’espérance avec les personnes en situation de fragilité, proches ou lointaines.

Pour ceux que la lecture à l’écran rebute, le texte peut être téléchargé dans la page Harmonie Sociale en cliquant ici.

Pour visiter le site de l’Union des Pays de la Loire des Centres Sociaux, c’est ici.


 

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