Pendant la pandémie, il y a eu de multiples attentionsPendant la pandémie, nous avons applaudi les soignants dévoués, les membres des services de secours et tous ceux qui sont restés disponibles pour que la vie continue. Pendant la pandémie, il y a eu de multiples attentions à l’intérieur des familles, entre proches, entre voisins, autant que possible dans le respect des « gestes barrières ». Voici un récit que nous avons reçu d’une infirmière à la retraite.

Nous et nos voisins

Je suis  infirmière-retraitée. J’ai un couple de voisins, que nous connaissons bien mais  nous nous côtoyons peu car nous n’avons pas les mêmes occupations ni les mêmes fréquentations.  Ils sont agriculteurs et nous, nous travaillons dans la ville voisine. Leurs  fils sont plus âgés que nos enfants. Mais malgré tout, nous nous estimons bien. Nous prenons des nouvelles les uns des autres.

La santé de notre voisine se dégrade et son mari décède

En mars 2019, notre voisine de 71 ans,  est opérée en urgence pour un cancer du côlon avancé. Après 4 mois d’hospitalisation, elle rentre à la maison et y retrouve son mari. Ils ont bien des soucis avec la poche de stomie. Bien que l’infirmière libérale passe tous les jours, il y a souvent des  accidents… Je suis amenée à les côtoyer régulièrement et rendre quelques services jusqu’au décès brutal de son mari le 6 janvier 2020.

Désormais seule et des complications

Depuis ce jour Thérèse se sent seule : elle a un fils à plus de 100 km et l’autre juste à côté mais la belle-fille ne  supporte pas la belle-mère. En septembre, le chirurgien a réussi à l’opérer et rétablir son transit. Mais le 31 décembre plus rien ne passe. Réopérée, elle est hospitalisée jusqu’au 16 mars. Revenir dans sa maison est important. Elle ne se fait pas d’illusion sur son avenir mais vit au jour le jour.

Le 30 mars elle a des frissons mais vient d’avoir une piqure qu’elle pense responsable de son état. Le 1er avril, elle est très fatiguée. Le 2, je la conduis chez le médecin qui demande des examens d’urine et un test COVID à faire le samedi matin. Dans la nuit, elle s’est levée aux toilettes mais épuisée elle n’a jamais pu se recoucher… Elle a appuyé sur sa téléalarme et les 3 premiers numéros appelés se sont déplacés !!!  Réveillés par le téléphone,  ils sont venus, mais n’avaient pas répondu au service. Tant bien que mal, ils l’ont réinstallé pour le reste de la nuit. Les soignants passent dans la matinée…

Une situation d’urgence

 Elle a des douleurs diffuses et intenses, du mal à respirer, plus aucune force… Elle ne souhaite pas retourner à l’hôpital… mais nous n’avons pas de traitement. C’est le week-end de Pâques. Elle est tellement mal que nous demandons au médecin urgentiste de passer. Il ne trouve rien de flagrant pour commencer un traitement antibiotique. L’échographie pulmonaire est très suspecte et en faveur du COVID… Il faut prévenir sa belle-sœur de 80 ans qui devait passer la nuit  chez elle, afin qu’elle choisisse de venir ou pas. Son fils n’a pas récupéré de la nuit précédente… Au cours de la nuit suivante, elle va m’appeler à 2h, elle est à changer entièrement… J’ai épuisé mon stock de protection gants, tablier… Malgré la situation, j’y vais me remettant  complètement à ma foi de croyante en Marie. Il m’est impossible de la laisser tomber. La veille, mon mari et mon fils ont tout fait pour me décourager, craignant pour eux-mêmes et notre famille que je ne ramène le virus. Je ne peux pas leur en parler mais prends le risque malgré tout. J’ai mauvaise conscience vis-à-vis d’eux.

Ma voisine est retournée à l’hôpital le lundi de Pâques.

Une malade qui s’apaise

Après quelques jours, le service  médical a définitivement éliminé la possibilité d’infection au COVID.

Nous ne pouvons pas réaliser son souhait de vivre ses derniers temps dans sa maison… Malgré tout, elle est plus sereine car elle a fait la paix avec sa belle-fille le 2 avril. En attendant de voir le médecin traitant, elle m’avait dit : «  Je ne veux pas mourir sans lui avoir parlé. Je vais lui demander de venir et lui demander pardon pour le mal que je pourrais lui avoir fait. Qu’en penses-tu ? » « Je suis tout avec toi pour ce moment  difficile » lui ai-je répondu. Et elle l’a fait le soir même.

Vu son état, le médecin autorise 1 visite par jour seulement. A tour de rôle, son frère, sa sœur, ses fils, et 1 autre voisine, nous lui rendons visite à l’hôpital. Nous savons sa fin proche.

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