C’est Guido B. qui s’exprime et raconte “Mon vécu de facteurs avec les chefs”. C’est à la fois l’histoire de ses relatons avec ses responsables hiérarchiques et une vue sur le management par ceux-ci. Un récit détaché qui raconte des relations conduites en recherche de dialogue et en vérité. 

Mon vécu de facteur avec les chefs

Le facteur au début de carrière

Une musette neuve

La musette pour mes recommandés était déchirée et une des chefs m’en a donné une, un peu moins déchirée, mais déchirée quand même. Et voilà qu’un matin, la deuxième cheffe est venue et me donna une musette toute neuve en disant : « Pour un beau facteur comme toi, il faut une belle musette. »

Le nougat de Montélimar

Un de mes chefs a appris que j’allais passer le week-end à côté de Montélimar et pour rigoler il a dit de lui ramener du nougat. Il ne me connaissait pas encore, car je prends souvent au mot les personnes. Le lundi, il avait du nougat sur son bureau. Il est venu me voir et m’a dit : « À toi, je ne dirai plus rien. »

Revendications

Lors d’une grève, un des chefs m’a demandé pourquoi nous faisions grève, je lui ai expliqué que nous les facteurs, nous récoltions la « m… » et les chefs un avancement. Une collègue avait écouté et m’a dit : « Toi, tu dis tout haut ce que les autres pensent tout bas ». Bien plus tard, il a eu une mutation et j’ai été l’unique facteur à être invité à son pot de départ et il a dit : « Avec monsieur B., il n’y a pas eu de problème, on s’est parlé ». Oui, j’ai attaqué le fait, pas la personne.

Un autre fait de ce style est arrivé avec un receveur. Un des facteurs avait perdu son quartier suite à une restructuration et il devait pour accéder à un autre quartier de faire le nouvel « examen de tri ». Alors le lendemain, j’ai arrêté le receveur pour lui dire que je n’étais pas d’accord sur cette manière de faire. Le lendemain, à l’arrivée de ce même receveur, je lui ai dit : « J’espère que cela ne vous a pas empêché de dormir ? » Et lui de me dire : « Oui, hier, vous ne m’avez même pas permis de vous dire bonjour. »

La notation

Un matin, au moment du tri, mes collègues râlaient en disant que la cheffe venait dans les allées des facteurs sans dire « Bonjour ». Après le tri, j’ai rejoint la cheffe dans son bureau pour lui faire la remarque. Bien sûr, c’était dur à accepter pour elle. Ma collègue directe voyant qu’il y avait une tension, est venue vers nous, mais je lui ai fait comprendre qu’elle devait rester en dehors de cela. Cette cheffe en a tenu compte et lors de l’entretien de fin d’année, elle allait me mettre une belle note et je lui ai dit : « Pourtant, il y a eu ce moment pas évident entre nous ? ». J’ai dû lui préciser lequel et elle : « Mais cela, c’est du passé » et je suis sorti avec une note « Excellent ».

Le chef dans mon dernier bureau me dit : « Moi, je ne mets pas “excellent” » mais comme mon entretien avait été fait dans un autre bureau, il ne pouvait rien faire. Donc, pour l’entretien suivant, je me suis préparé pour cette éventualité. Car deux erreurs avaient été faites vis-à-vis de moi. L’une d’elles était le fait qu’ils ne m’avaient pas sollicité pour l’examen de tri alors que je l’avais demandé dès mon arrivée. Ce qui fait qu’une collègue a pu prendre le quartier que j’aurais pu avoir et je restais donc remplaçant. Ce chef ne m’avait pas cru suite à une réclamation d’une personne d’un quartier chaud où on ne devait pas monter aux étages. J’avais dit que je ne pouvais pas sonner chez la personne vu qu’il n’y avait pas de nom sur les sonnettes au rez-de-chaussée et que je ne pouvais pas monter et de toute façon, je ne savais pas l’étage. Je suis sorti de cet entretien avec ma note au même niveau.

Une autre cheffe, dès le début de l’entretien avec moi, m’a dit qu’elle ne me mettrait pas la bonne note que j’avais alors. Je lui ai répondu qu’il fallait une raison. Et elle de me dire : « Tu n’es pas commercial » et je lui ai répondu que « Je suis rentré à la Poste pour être facteur pas pour être commercial ». A la fin de l’entretien, elle me demande : « Pourquoi les collègues ne m’apprécient pas ? » Je lui ai répondu : « Tu es trop “pète-sec” » et je suis parti avec ma bonne note.

Les tournées

En rentrant de tournée, j’apprends que pour un petit paquet, je m’étais trompé de boite aux lettres. Et là, il m’est sorti : « Je devais être amoureux ce jour-là » et ma cheffe a rigolé. Sinon, a quelques mois de ma retraite, j’apprends par mes collègues que ma tournée n’existerait plus lors de la nouvelle restructuration.  Du coup, comme la date de la restructuration tombait, alors que j’étais encore à la Poste, j’ai demandé à ma cheffe ce que j’allais faire ? Elle me répondit : « Tu feras mon secrétaire ». Puis, j’ai compris que je me retrouverais dans un quartier chaud près de la Poste dans une tournée que je ne connaissais pas. Quelque temps, plus tard, on nous annonça que la restructuration était repoussée après mon départ. La deuxième cheffe est venue me voir en disant : « Alors tu es content ? »

Avant de quitter définitivement le bureau de Poste, ma cheffe m’a fait venir dans son bureau me confiant : « Je devrais vérifier quel produit d’entretien utilise la personne qui fait le ménage, si je fais cela, je ne m’occupe plus des facteurs. »