2- Relations peuples

Comment vit-on à Kiev… (MàJ 25/02/22)

Comment vit-on à Kiev...Comment vit-on à Kiev… en ces jours de tension du fait d’une possible guerre ? Paolo Balduzzi a interviewé Mira Milavec, en Ukraine depuis près de trois ans.

Des vents de guerre soufflent ces dernières semaines sur l’Europe de l’Est, avec le bras de fer entre le gouvernement pro-occidental de Kiev (Kyiv) et celui de Russie. Depuis des semaines, se ressent entre les deux pays un regain de la tension qui dure au moins depuis 2014 : les véritables causes politiques et économiques remontent encore plus loin dans le temps. Il ne nous appartient pas ici d’en faire une analyse géopolitique, mais nous avons voulu entendre la voix de celles et ceux qui vivent cette situation dans leur peau, de manière directe. Nous avons parlé avec Mira Milavec, une Slovène, qui vit à Kiev (Kyiv) depuis trois ans.

Les médias nous parlent tous les jours de ce qui se passe en Ukraine. Comment le raconterais-tu, toi qui vis à Kiev (Kyiv) ?

« Ces derniers temps, nous avons été interviewés par diverses radios et télévisions, qui nous demandent comment nous vivons ici : je te dis la vérité, nous ne vivons pas la tension qui est rapportée à l’étranger. Nous connaissons les problèmes, nous savons qu’il peut y avoir une guerre et nous nous préparons à ce qui est appelé le « plan B », mais nous cherchons d’abord à aller de l’avant avec tout ce que la vie quotidienne exige et d’orienter notre travail vers le dialogue ».

Quand tu parles de travail basé sur le dialogue, que veux-tu dire ? À quelle fin ?

« Je suis à Kyiv pour soutenir et encourager la communauté du Mouvement des Focolari, et je travaille chez Caritas. Du matin au soir, pour le travail, mais, surtout par mon choix de vie, je cherche le dialogue en toute occasion ».

Quelles en sont les difficultés les plus évidentes ?

« L’Ukraine est un pays très hétérogène, un peuple riche, mais qui a énormément souffert. La majorité appartient à l’Église orthodoxe, mais, si nous commençons à parler avec les gens de ce qui se passe, certains sont prêts à descendre dans la rue pour se protéger : cela aide à comprendre qu’il y a encore beaucoup à faire, le chemin du dialogue exige de gros efforts ».

Selon toi, pourquoi ?

« Pour ce que je viens de dire. Ce sont des gens qui ont beaucoup souffert, qui ont une histoire compliquée, qui se retrouvent à vivre isolés, abandonnés par les russes et maintenant aussi par l’Europe, qui, selon notre perception, est très distante, davantage préoccupée par ses propres intérêts. Sur le plan personnel, cet abandon a conduit à un individualisme qui, dans une telle situation de tension, est susceptible d’exploser ».

Tu vis à Kyiv depuis 2019, que peux-tu nous dire du peuple ukrainien ?

« D’un côté, il y a ce que je vous en ai dit : des gens marqués par leurs traditions, avec une certaine difficulté à percevoir et comprendre que l’autre est son frère. Paradoxalement, par ailleurs, quand tu te mets en écoute, et c’est ce que je vis, les gens te donnent tout, ouvrent leur cœur et témoignent de nombreux gestes de proximité avec l’autre. L’individualisme naît de la peur, d’être laissé seul, non d’une volonté de s’éloigner des autres ».

Comment fait-on pour conquérir cette confiance del’autre ?

« Par exemple, par le choix de rester. Ces derniers jours, en tant qu’étrangers, en prévision du pire, nous avons eu de nombreuses occasions et offres, y compris diplomatiques, de retourner dans nos pays. Avec mes compagnes et ma communauté, nous avons entamé une réflexion et ce fut tout-de-suite clair que nous ne pouvions pas partir. Ce sont les nôtres, notre famille : ici, avec eux, nous devons et voulons être. Ce choix a en frappé beaucoup : ils ont réalisé qu’ils peuvent nous faire confiance, ils ont compris que nous sommes ici pour quelque chose de plus grand ».

Le dialogue reste toujours un défi…

« Le 26 janvier dernier, jour de prière voulu par le pape François pour la paix en Ukraine, le nonce apostolique, à la messe, a parlé expressément de prière pour les ennemis. Ce n’est pas facile, mais ici je comprends que, pour répondre au défi, c’est avant tout la vie : témoigner, dans les petites et grandes choses, pour montrer une alternative possible et un regard plus vaste. Le défi est de réussir à être fidèle à ce témoignage. Mais déjà le choix de rester, comme je le disais avant, s’est manifesté très fort, a opéré une secousse. Non seulement notre choix des Focolari, mais aussi celui de l’Église et de beaucoup de gens qui font le bien et ne s’échappent pas ».

Vous aidez-vous réciproquement ?

« Oui, c’est clair, nous sommes liés entre nous, chacun essaie d’aider l’autre, soit dans la préparation du plan B, soit en indiquant les endroits les plus sûrs en cas de danger, mais surtout en s’encourageant mutuellement et faisant notre part jusqu’au bout ».

Quelle est ta part maintenant ?

« C’est de travailler pour un projet Caritas contre la violence domestique et pour la protection des femmes. C’est un projet qui débutera le 1er mars, nous le réalisons malgré tout, car c’est ça que nous devons faire ».

Vous faites tellement d’efforts et, dans l’intervalle, la politique va dans une autre direction…

« Je ne saurais le dire, mais je peux t’affirmer, sans nommer personne, qu’il y a des diplomates, des ambassadeurs, des épouses d’ambassadeurs qui croient au dialogue, prient et travaillent pour cela.  C’est un travail très dur, mais essentiel, qui tôt ou tard donnera des résultats ».

Ils prient ?

« Oui, ils prient, nous prions tous pour la paix, dans certains cas même ensemble, et essayons de mettre en œuvre cette diplomatie de la fraternité dans les petites choses qui font alors la différence. C’est ça, ainsi que ce soutien mutuel en action, qui te fait comprendre que l’amour est vraiment plus fort que tout. »

Et nous, que pouvons-nous faire ?

« Promouvoir ce dialogue, dialoguer à tout prix, même dans les petites choses de la vie ; se poser des questions et réfléchir face à chaque situation difficile : vais-je créer de la panique, plus de division, ou est-ce que je contribue au dialogue ? De même que des vases communicants, ce que toi tu vis est aussi bon pour moi, pour nous qui, présentement, réfléchissons à deux fois à ce qu’il faut dire et faire, sans savoir si nous continuerons à vivre ou non. Nous pensons surtout à ce qu’il nous reste. En fin de compte, il reste que nous sommes frères. Il ne nous reste rien d’autre en ce moment. »

Mise à jour du 25/02/2022 : Alors que les troupes de l’envahisseur arrivent à Kiev et devant le danger devenu important, les membres de la communauté qui ne sont pas ukrainiennes ont décidé de quitter le pays. Ce n’est pas sans difficulté du fait du blocage des moyens de transport aériens et ferroviaires.

Source : www.unitedworldproject.org/fr/

À Thann : fraternité avec les Libanais

A Thann : fraternité avec les LibanaisÀ Thann : fraternité avec les Libanais. Nous recevons de Thann (commune de 8000 habitants du Haut-Rhin), les nouvelles d’une initiative des jeunes du Mouvement des Focolari de la région. Ils souhaitent contribuer à leur mesure à une aide aux familles démunies du Liban. Ils sont épaulés par les adultes.
Lors de la journée du dimanche 21 novembre, à 12 heures, ils seront en relation avec leurs amis du Liban par visioconférence pour se saluer et avoir les dernières nouvelles. Ils poursuivront le programme autour d’un repas préparé par des amis libanais sur place. Un repas pour lequel ils ont déjà reçu 55 inscriptions. À partir de 14 heures, après midi d’animations familiales pour découvrir le Liban.

Le bénéfice du repas sera reversé à l’association Action pour un Monde Uni, qui propose des caisses alimentaires pour les familles dans le besoin. Les organisateurs font aussi appel à des dons en nature : outre les dégâts sur les habitations de Beyrouth et en raison d’une profonde crise politique et économique qui s’en est suivie, les Libanais manquent de tout, de nourriture, de médicaments, de fournitures pour bébé (couches, lait en poudre…), fournitures scolaires (stylos, cahiers…). Ces denrées de bases seront apportées au Liban et distribuées aux familles démunies par l’association locale Arc-en-Ciel.

Le contact : Joël et Sophie Bourquardez – bourquardezjoel@gmail.com.

Informations complémentaires sur le site de l’association AMU.

Change ton monde

À propos du livre Change ton monde.

Te souviens-tu Sylvie, lorsque tu habitais Menton, des migrants de Vintimille qui frappaient à la porte de la France et pour qui tu réceptionnais des vêtements ? Te souviens-tu, Odile, de tes nombreux passages avec ta voiture pleine de dons récoltés pour ces personnes en attente de l’autre côté de la frontière ? Te souviens-tu, Ivanna, de ce jour où, en gare de Cannes, j’ai crié ma honte d’être française en voyant la police maltraiter des migrants au pays des droits de l’homme ?

Change ton mondeJe ne savais que faire concrètement pour ces hommes, ces femmes, ces enfants qui ont traversé tant de dangers et qui ne peuvent franchir notre frontière pour suivre leur route. J’avais entendu parler de Cédric Herrou. En décembre 2016 j’avais même voté pour lui dans l’élection de l’azuréen de l’année dans le journal Nice Matin: il était un « symbole d’humanité qui incarnait la politique de la main tendue » et je viens de lire le livre qu’il a écrit, préfacé par J.M.G Le Clézio. Ce livre m’a bouleversée.

Le Clézio écrit :
« Le récit de Cédric Herrou est passionnant parce qu’il n’est pas seulement un récit. Il est au plus près de sa vie. »

En effet Cédric avait acheté un coin de terre dans la vallée de la Roya, dans l’arrière pays niçois frontalier avec l’Italie. Comme il le dit lui même :

J’ai acheté ce coin sauvage en 2002, tout défriché et retapé. Inutilisé depuis la guerre, le vaste terrain en pente était comme une jungle, la maison presque en ruine. Ici, j’ai relancé les oliviers et je soigne mes poules. Je suis heureux loin de ce monde qui m’insupporte souvent. Voilà qu’il me rattrape.
J’avais rejoint la Roya pour y vivre mes rêves de gosse sans me soucier du monde, coupé de tout dans mon refuge. J’ai croisé des exilés, et tout a changé.

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L’Europe : quelles raisons d’espérer ?

L’Europe : quelles raisons d’espérer ?À la veille du lancement de la Conférence sur l’avenir de l’Europe, les associations et mouvements chrétiens réunis dans “Ensemble pour l’Europe” organisent une visioconférence avec Jean-Dominique Giuliani, le président de la Fondation Robert Schuman : L’Europe : quelles raisons d’espérer ?

En référence à la Déclaration Schuman  de 1950 considérée comme l’acte fondateur de l’Union Européenne, la Journée de l’Europe du 9 mai 2021 se déroulera dans un contexte de crise qui exige une réponse forte et déterminée. La conférence de J.-D. Giuliani, animée par Alfonso Zardi (représentant de Pax Christi France et ancien haut fonctionnaire du Conseil de l’Europe) reviendra sur les difficultés actuelles pour mettre en lumière les raisons d’espérer, en Europe aujourd’hui.

L’Europe : quelles raisons d’espérer ?

L’Europe : quelles raisons d’espérer ?L’Europe : quelles raisons d’espérer ?

 

Première célébration de la Fraternité Humaine

Première célébration de la Fraternité HumaineLa première célébration de la Fraternité Humaine s’est tenue ce 4 février 2021. C’est sans tarder après l’institution par l’ONU, le 21 décembre 2020, de la Journée internationale de la Fraternité Humaine chaque 4 février. Cette date était, aussi, l’anniversaire de la signature du Document sur la Fraternité Humaine par deux responsables religieux : le Grand Iman de Al-Azhar et le Chef de l’Église catholique.

Cette célébration s’est déroulée en ligne pour cause de pandémie. Vatican News nous en laisse un beau montage que nous partageons ici. Avec une partie artistique, il rapporte les intervention du Grand Iman de Al-Azhar, Ahmad Al-Tayyeb et du Pape François ainsi que deux reportages sur les lauréats du prix Zayed de la Fraternité Humaine et leurs interventions : le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, et l’activiste française Latifa Ibn Ziaten. Ce prix récompense les personnes qui s’engagent à favoriser les conditions d’une coexistence pacifique.

Les paroles prononcées en plusieurs langues sont sous-titrées en français.