ouvrons la porte au bon voisinageOuvrons la porte au bon voisinage. De son petit village – comme elle écrit – Marthe nous envoie le récit d’un épisode de leur vie de voisinage, à elle et son mari.

“Nous avons un voisin âgé, Robert, que nous ne connaissions pas. Nous savions qu’il était veuf. D’ailleurs nous l’avions appris tardivement, tellement ils étaient discrets, lui et son épouse.”

Faire connaissance par un ami commun

“Un jour, un de nos amis B. vient demander de l’aide à mon mari pour sa tondeuse en panne. Il était en train de tondre le jardin de Robert. Il va régulièrement entretenir son jardin pour lui rendre service. On est au mois de juin et les herbes sont hautes, il faut tondre souvent.

Mon mari, aussitôt est allé lui donner un coup de main. Il s’avère qu’il utilisait la tondeuse communale (il est employé communal).

Mon mari lui propose donc de finir de tondre avec notre matériel car ce n’était pas correct d’emprunter la tondeuse communale bien que ce soit pour une bonne cause. Et de continuer par la suite.”

De la rencontre à l’accompagnement

“Mon mari a ainsi fait la connaissance de Robert. Il a été choqué par son mauvais état physique car il se nourrissait mal. Depuis le décès de sa femme, il était déprimé et se laissait aller.

Nous avions un voisin malheureux juste à deux pas de chez nous et le savions pas !

Robert n’avait pas de famille pour le soutenir sauf une sœur mais plus âgée que lui et éloignée géographiquement.

Mon mari s’est décidé à lui faire à manger un jour sur deux (moi j’étais à l’extérieur par mon travail). Préparant le repas pour deux à la maison il traversait la rue avec tout son matériel et déjeunait avec lui. Il lui remontait le moral.

Le dimanche midi, nous l’invitions à déjeuner en essayant de faire des plats qu’il aimait.

En parallèle, B. notre ami lui faisait les courses.  C’était beau de voir l’élan du cœur de ces deux hommes pour Robert.

C’est en voyant leur attitude que j’ai été aspirée dans cette spirale d’entraide.Ouvrons la porte au bon voisinage

Au bout de quatre mois sa santé a décliné et il n’avait plus le goût de vivre. Lorsque son chat/compagnon est mort et avec l’arrivée de l’hiver, il a décidé de ne plus se lever. Alors avec l’infirmière qui passait tous les jours nous nous sommes relayés pour lui préparer les repas. Une belle connivence s’est installée avec cette infirmière très généreuse.

C’était difficile de convaincre Robert de manger. Petit à petit, il déclinait. Puis il a fallu l’hospitaliser.”

Jusqu’à devenir sa famille…

“Nous avons continué à lui rendre visite jusqu’à sa fin de vie. Nous étions ses seuls visiteurs.

Lorsqu’il est décédé, nous étions à son enterrement avec cet ami B. Heureusement car nous n’étions que six à l’entourer. Depuis nous fleurissons sa tombe. Nous sommes devenus sa famille en quelques mois alors que nous nous côtoyons auparavant depuis des années sans nous voir. Cette intensité de vie m’a donnée l’impression de l’avoir connu très longtemps.

Pendant toute cette période, nous avons connu également sa sœur âgée. Nous lui avons rendu visite plusieurs fois depuis le décès de son frère.”

Une relation qui s’étend

“Comme nous vivons dans un petit village, nous sommes amenés à rencontrer l’infirmière et c’est une relation particulière entre nous qui s’est instaurée grâce à Robert.

Je retire de cet épisode que dans la société tout le monde a sa place et peut apporter sa pierre à l’harmonie sociale, même de manière passive. Ainsi une personne âgée qui se sent inutile, ne l’est pas car elle permet à d’autres, en leur venant en aide, de sortir d’elles-mêmes en mettant en œuvre leur solidarité, leur créativité, etc…”