Le leadership est une chose sérieuseMichele Zanzucchi observe le travail qui est conduit par différents organes du Mouvement des Focolari et en conclut que le leadership est une chose sérieuse. Apprendre à agir comme « locomotives » pour des groupes et des projets est un processus fondamental à une époque où le sens de l’autorité faiblit, où les réseaux sociaux dictent leurs lois et où la politique semble être partout en crise. Ce sont les projets du Mouvement Politique pour l’Unité, de NetOne, d’Humanité Nouvelle, de Sophia, de l’Amu, de Familles Nouvelles, de Enfants pour l’Unité et d’autres.

C’est l’un des mots clés du début du troisième millénaire : « leadership »[1]. Parfois le terme est galvaudé, et on ne sait plus ce qu’il signifie dans les faits, pour diverses raisons, déterminées par les phénomènes de la mondialisation et de la révolution numérique, avec la crise parallèle des modèles traditionnels de gouvernance. C’est vérifié tant au niveau de la micro société (paroisses, associations, quartiers…) que des grosses organisations (entreprises, gouvernements, administrations…). Et cela arrive presque partout. C’est pourquoi de nombreux organes culturels des Focolari s’y intéressent, prenant évidemment le problème sous différents angles et initiant des processus qui sont souvent synergiques[2].

Prenons l’exemple du congrès organisé par Humanité Nouvelle, le Mouvement Politique pour l’Unité et d’autres organes culturels du Mouvement, en janvier dernier, à Castelgandolfo. « Co-gouvernance » en était le titre. Il se poursuit, maintenant de différentes manières dans les divers coins du monde, et c’est caractéristique. Plus qu’un modèle, c’est un style de gouvernance qui est proposé qui reprend la thèse fondamentale du charisme de l’unité : c’est le préfixe « co » qui dit la volonté de ne pas céder à l’individualisme et au solipsisme[3], d’accorder une partie de sa « souveraineté », de son « pouvoir » à l’instance commune, de lutter pour le bien commun.

L’Institut universitaire Sophia travaille depuis longtemps sur ces aspects dans les domaines de la politique et de l’économie, ainsi que dans les sciences humaines et sociales. En particulier, nous nous intéressons à la notion de leadership, sous des angles très divers, pris du point de vue de la « culture de l’unité ». C’est, si nous voulons, la conséquence logique d’un des slogans lancés par le Mouvement Gen naissant en 1967-1968, en particulier par certains Français (dont Goffinet et Garoche). Ils ont publié une brochure au titre significatif : « Changez-vous pour changer le monde, changez le monde pour vous changer vous-même ». Il y avait déjà besoin d’un leadership éclairé par l’Évangile, riche des apports des sciences humaines et sociales, attentif aux inspirations du charisme de l’unité.

Le leadership est une chose sérieuseDes étudiants et des enseignants de Sophia, Humanité Nouvelle et le Mouvement pour l’Unité, avec la collaboration d’autres organes culturels du Mouvement, ont ensuite mis sur pied un projet de trois ans consacré en particulier à l’Afrique. Le premier acte a eu lieu au Kenya en janvier 2019, avec plus de 100 jeunes de 7 pays de la région (Kenya, Ouganda, Tanzanie, Sud Soudan, Rwanda, Burundi et République Démocratique du Congo) pour un leadership « africain », avec la contribution de l’UNESCO, à travers la Commission nationale kenyane et la contribution de Caritas et Missio. « Together4Africa » propose un leadership « à l’africaine » donc sans rapport avec des modèles trop occidentaux, dans la valorisation de ce que les cultures locales ont généré au cours des siècles en matière de gestion du pouvoir et de l’autorité.

Le leadership est une chose sérieuseEntre autres initiatives, il convient de noter celle promue par NetOne et Humanité Nouvelle au Liban, toujours avec Sophia et le Mouvement Politique pour l’Unité, pour le Moyen Orient. Dans cette région, en effet, il est nécessaire de proposer une formation sérieuse de « Leadership communautaire dans l’esprit de l’Évangile » (c’est le titre du projet). Une formation qui puisse conduire des hommes et des femmes, surtout des jeunes, à constituer un groupe, à l’animer, à résoudre ses problèmes et à contribuer au bien commun de leur ville, de leur Église et de leur pays par rapport aux autres communautés présentes sur place, civiles et religieuses. Il faut reconstruire les maisons, mais surtout les cœurs et les esprits. Le projet qui est symbolisé par une ancre (à Marsat) offre des outils de formation utiles pour redonner ainsi du souffle à de nombreux jeunes et de nombreuses communautés ecclésiales en Syrie, au Kurdistan irakien, en Jordanie et au Liban. Évidemment, les différents aspects du leadership sont pris en compte, du psychologique au social, de l’ecclésial à l’œcuménique, des structures à l’économie, de l’annonce à la charité, etc. L’étape libanaise est déjà terminée, l’étape syrienne à Alep est en cours, tandis que l’étape jordanienne aura lieu entre septembre et décembre 2019. Les autres suivront.

Texte de Michele Zanzucchi traduit de l’italien par M. B. et un groupe (Source : mppu.org)

[1] Position d’une nation ou d’un groupe qui place sous sa mouvance, et parfois sous sa tutelle, une autre nation, un autre groupe. (Source : cnrtl.fr)

[2] Action dynamique de cohésion des divers éléments appartenant à un groupe, une collectivité, en vue d’un but, d’une fin commune. (Source : cnrtl.f)

[3] Attitude du sujet pensant pour qui sa conscience propre est l’unique réalité, les autres consciences, le monde extérieur n’étant que des représentations. (Souce : cnrtl.fr)

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