La fraternité : vivre ensemble
Avec ou sans père
Nous voyons la société évoluer. La famille elle-même n’a plus un cadre uniforme. Pour différentes raisons les enfants y vivent avec ou sans père ; et, aussi, l’inverse. Le législateur est amené à adapter le code qui régit les relations à l’intérieur de la famille : soit accompagner l’évolution, soit répondre à des demandes exprimées par des groupes.
Observatrice de cette société par ses relations, notre amie France de Lagarde veut alerter son député qui aura prochainement à voter sur des textes qui permettront une évolution sereine. Des textes, parfois contradictoires.
France expose d’entrée ce qu’elle voit comme une contradiction :
Monsieur le député
Vous allez voter à propos de la PMA et de la levée de l’anonymat des donneurs de sperme.
Ne voyez-vous pas une contradiction entre ces deux dispositions : permettre à des enfants nés hors couple hétérosexuel ou sous X de connaître leur géniteur et ‘en même temps’ autoriser la grossesse sans père pour toutes les femmes qui en ont envie ?
Elle demande alors ce qui est fait de la place du père dans l’évolution de l’enfant au regard de ce qui est vécu, déjà, par les familles monoparentales.
Ayant de nombreux contacts avec des professionnels de la jeunesse, je suis frappée par ce qu’ils disent d’un grand ‘besoin de père’ notamment chez les adolescents. Par ailleurs, active dans le social au sein de mon quartier, je constate que les familles monoparentales, très majoritairement composées d’une femme divorcée ou abandonnée et d’un ou plusieurs enfants, sont parmi les plus défavorisées matériellement et moralement. Est-il vraiment souhaitable d’y ajouter sciemment des mères célibataires ? Leur désir de porter un petit enfant ne va-t-il pas se heurter à la dure réalité de la solitude, de la pauvreté et de la contestation de cet enfant devenu grand, en manque de figure paternelle et avec une filiation tronquée, qui le prive de grands-parents, oncles, tantes, cousins ?
Répondre à des demandes : jusqu’où ?
Faudra-t-il aussi procurer à des personnes âgées des petits-enfants au motif qu’elles en auraient le désir ? Offrir aux veufs et veuves des conjoints de remplacement ? En ce qui concerne les couples de femmes homosexuelles, est-ce à l’État et à la médecine de remédier aux conséquences de leur décision ? Logiquement, on devra alors organiser la GPA pour les couples masculins.
La société écoute seulement les adultes, pas les enfants !
Certes, il y a actuellement plusieurs formes de vie familiale en France. Le bon équilibre, y compris financier, de la société consiste–t’il à entériner les choix des seuls adultes ? Le principe d’égalité aboutit, de fait, à une grave situation d’inégalité pour les enfants, alors que leurs droits devraient être prioritaires car ce sont eux qui portent notre avenir. Or un enfant n’a pas d’autre protecteur contre les maltraitances que la puissance publique… Celle-ci a autorisé cependant l’IVG, en proclamant que tout enfant doit avoir la chance d’être désiré par sa mère : comment peut-on alors le priver de cette autre chance qu’est la présence d’un père ?
Les tribunaux ont commencé à écouter les enfants, la collectivité ne pourrait-elle pas, aussi, les écouter sur des choix de société ?
Mais à moins de 18 ans on ne vote pas… Il est dommage que sur de telles questions les enfants ne soient jamais consultés, alors que les tribunaux peuvent les entendre quand ils sont concernés. De plus en plus objets et non sujets, ils pourraient cependant nous dire ce qui est important pour eux et s’exprimer sur la forme de parentalité qu’ils jugent la meilleure.
Elle se prononce clairement contre cette évolution.
Monsieur, je vous demande de ne pas voter la loi qui multiplierait les familles monoparentales et les enfants sans filiation complète.
France de Lagarde
Dans vos commentaires que vous pouvez écrire, il ne s’agit pas tant de prendre position mais d’apporter votre témoignage s’appuyant sur des situations que vous connaissez bien, des témoignages qui “construisent” les relations..
Imprimer l'article | Cette entrée a été posté par Marc BÉCHU le 15/11/2018 à 06:42, et placée dans 8- Vie publique - Politique. Vous pouvez suivre les réponses à cette entrée via RSS 2.0. Vous pouvez laisser une réponse, ou bien un trackback depuis votre site. |
about 6 years ago
J’apprécie beaucoup les arguments de la lettre à ton député.
Je pense qu’il est grand temps de le faire. J’ai moi même rencontré la semaine dernière la député LREM de ma circonscription, avec une amie d’un autre village. Nous avons eu un entretien très chaleureux. Quand je lui ai parlé de la PMA, elle m’a dit y être favorable tout en restant extrêmement prudente ou hostile au reste des propositions de la future loi.
Je lui ai demandé si elle accepterait de porter un projet de loi concernant l’adoption afin de faciliter celle-ci. Adopter est un vrai parcours du combattant, imposant aux couples qui font cette démarche plein de conditions. Â l’inverse, aucun critère n’est demandé aux couples qui souhaitent une PMA. Elle a favorablement accueilli cette demande.
Je vais revoir ma député. Ce sera l’occasion pour lui donner les arguments qui font que je ne suis pas favorable à la PMA, les arguments que tu donnes, France.
about 6 years ago
Ce qui compte, c’est le témoignage de la vie qui exprime la sérénité, la joie, pas seulement les arguments contre les arguments…
about 6 years ago
Quelles que soient les positions, éventuellement divergentes, voilà une argumentation qui s’attache enfin au long terme et aux droits de l’enfant.
Elle s’entend et se comprend.
J’essaie d’imaginer ce que, dans 5, 10, 15 ans, deviendront nos services sociaux… à la suite de l’application d’une loi comme celle sur la PMA, si elle est votée…
Mais il y a plus: un enfant, même naturel, doit connaître son père, à tout le moins son identité.
Deux petits faits font mon histoire personnelle et familiale:
– Mon père était un fils posthume, né sept semaines après le décès du sien, officier mort pour la France en 1914; ce dernier fut toute sa vie une question qui le précédait; j’en pris conscience à l’adolescence et c’était très important pour mon père comme pour nous, frère aîné et soeurs.
– Une de nos filles a eu en 2017 un petit garçon, Elie; son père l’a reconnu et y est très attaché. On me demanda quel nom Elie devrait porter; il porte le nom de son père et celui de sa mère, le nôtre. L’identité n’est pas un but en soi, mais elle est essentielle à notre propre existence.
La loi qui se prépare a-t-elle évalué cela?
Restons vigilants et n’handicapons pas l’avenir de nos enfants,
DD