Un appel aux acteurs de la politiqueCe dimanche 2 mai 2021, le Mouvement Politique Pour l’Unité a célébré ses 25 ans et en a profité pour lancer un appel aux acteurs de la politique (voir l’article du 30 avril). C’est un appel qui a été élaboré avec des membres du MPPU sur plusieurs mois. Un texte revu et retravaillé pour trouver les mots justes au regard de la situation locale et mondiale actuelle afin de “réconcilier les inconciliables et unir les contraires”.

Voici le texte (en bas de cette page, un lien pour télécharger le PDF) :

Un appel aux acteurs politiques

La crise sanitaire et environnementale bouleverse la vie sociale, économique et politique sur la planète entière. Les inégalités s’accentuent générant des conflits. Les situations de famine et de dénuement s’étendent et poussent les personnes à la migration. La concentration des pouvoirs, la faiblesse des gouvernances locales comme le peu d’impact des systèmes de gouvernance mondiale nous laissent perplexes et nous interpellent.
Les adaptations et les assouplissements à la marge ne suffisent pas ; des changements profonds sont nécessaires au niveau individuel et collectif. L’appel qui suit a vu le jour en écho à ces questions. Il est le fruit d’un processus participatif qui s’est déroulé dans 25 pays du monde. Il a impliqué des citoyens, des administrateurs, des législateurs, des fonctionnaires et des diplomates, des universitaires et des membres d’organisations civiles, motivés par des orientations culturelles différentes mais avec une même vision de l’unité de la famille humaine.
Il s’adresse à ceux qui sont engagés dans l’action politique. Il vise à soutenir une réflexion et un engagement commun.

POUR UNE POLITIQUE DE QUALITÉ

1. L’horizon qui nous guide

L’humanité continue à aspirer à l’unité et à la paix malgré de nombreux obstacles, de profondes blessures et de grandes souffrances. Nous nous engageons sur ce chemin avec tous ceux -en particulier les jeunes- qui ne cessent de rêver et de lutter pour plus de cohésion, convaincus que c’est la solidarité et non l’individualisme qui soutient en profondeur la vie de l’écosystème mondial.
Bien conscients qu’il appartient à chaque peuple, en respect de sa liberté, d’identifier ses propres objectifs politiques, nous sommes convaincus de :

  • la fonction irremplaçable de la politique pour indiquer clairement les priorités et trouver l’équilibre entre les intérêts particuliers dans la recherche du bien commun, tant au niveau local qu’international ;
  • la nécessité d’une gouvernance plus collaborative et polycentrique, où la vulnérabilité commune conduit à une responsabilité caractérisée par plus de réciprocité ;
  • la nécessité de baser et d’ajuster le développement socio-économique, ainsi que les infrastructures de service, aux besoins et aux possibilités de ceux qui sont socialement plus faibles. Lorsque la vie de la cité est ajustée aux plus vulnérables
    alors elle est faite pour tous.

Rechercher en permanence une politique de qualité, déterminée avant tout par la qualité des relations humaines, qui précède, contient et transcende les formes protocolaires ou institutionnelles, constitue un horizon que nous gardons en ligne de mire. Nous sommes convaincus que l’innovation politique qui en découlera inspirera de nouveaux instruments de participation et de représentation. Elle régénérera le fonctionnement démocratique dans de nombreux pays où elle est en déclin, et sera à l’origine de nouvelles formes adaptées dans les pays où la demande démocratique est croissante.

2. Une politique meilleure associe sollicitude et détermination

Pour être meilleure, une politique doit être capable d’écouter et de prendre en compte les contributions des femmes et des hommes de tous âges et de toutes situations, quelles que soient leurs croyances ou leurs cultures. Elle n’a pas la prétention de tout résoudre sous la dictée de récits idéologiques. Elle traite les problèmes de tous les jours avec compétence et avec le souci de l’efficacité. Une « meilleure politique » est à la fois « douce » et « forte ».

Dans sa proximité des réalités du terrain, elle sait éviter les communications agressives. Elle sait se mettre du côté des victimes tout en restant attentive à l’évolution de l’oppresseur. Elle reconnaît aux groupes leurs capacités d’auto-organisation et valorise leurs contributions. Elle n’utilise pas les personnes pour des calculs électoraux. En s’inscrivant dans le long terme elle s’affranchit de la pression du court terme et active des processus. Soucieuse de la représentation de toutes les sensibilités, elle vise aussi l’égalité des sexes dans la représentation politique.

Et en même temps, c’est une politique forte, capable de faire des choix courageux. Mais pour se donner les moyens d’assumer des décisions engageantes, elle s’inscrit dans une logique de dialogue sans concession à l’égard de toutes les sensibilités politiques. Pour répondre à la complexité et à la contradiction des enjeux (local/global, développement/environnement, autochtone/étranger, technologique/biologique), l’élaboration de réponses ne peut se faire que dans des lieux de dialogue, véritables « espaces-laboratoires » où les générations, les compétences, les idées, les cultures se complètent et s’enrichissent.

3. La fraternité universelle, un paradigme politique

Aujourd’hui, les individus comme les peuples aspirent à des relations nouvelles. “Après une histoire de plusieurs millénaires où l’on a recueilli les fruits de la violence et de la haine, nous pouvons à bon droit demander que l’humanité commence à recueillir les fruits de l’amour. Et non seulement de l’amour entre les personnes, mais aussi entre les peuples.” (Chiara Lubich).

La fraternité universelle est rarement la préoccupation des personnes engagées en politique. Pourtant ceux qui la mettent en œuvre constatent qu’elle change les règles du jeu. Elle procure une nouvelle compréhension des évènements. Elle fait appel à la proximité, à la créativité, à la résilience. Elle devient intelligence politique créatrice de solutions inédites. Elle génère des propositions concrètes et des perspectives qui créent le consensus.

Choisissons de faire de la fraternité le moteur de la vie politique. Choisissons de correspondre à cette attention qui consiste à prendre soin des autres et de la planète, dans un positionnement en rupture avec la volonté de domination ou d’hégémonie. Employons-nous pour l’universalité de la fraternité qui englobe dans un même projet les dimensions locales, nationales, continentales et mondiales. Dotons la politique d’une fraternité soucieuse de l’équité et ouverte à l’accueil. Seule la fraternité permet de remettre en question des systèmes établis qui semblent inamovibles. La fraternité générera des synergies qui nous rendront capables, en réseau, d’atteindre des objectifs jugés irréalisables. En ce sens, l’engagement pour un vaccin accessible à tous est aujourd’hui une priorité.

Chaque initiative pour créer des liens dans notre quotidien, dans notre quartier ou au-delà du périmètre de notre ville et de notre pays, pose les bases d’un multilatéralisme, d’une diplomatie populaire, qui suscite le renouvellement jusqu’au niveau des institutions internationales. Considérons la planète, notre maison commune, et tous ses habitants avec cette sollicitude.

Adhérer à cet appel en agissant dans nos territoires
et entreprendre ensemble un
parcours de changement,
c’est doter la politique des moyens et des qualités utiles
et nécessaires
pour répondre aux défis de notre époque.

 

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