Europe : c'est le moment d'en parler - 11Europe : c’est le moment d’en parler – 11. La réflexion du jour.

Un débat a été lancé sur Facebook par le Mouvement des Focolari, en vue des prochaines élections européennes. Ce sont ces messages brefs que nous traduisons et publions sur ce site. Voici la transcription d’un entretien avec Alberto Lo Presti, l’un des promoteurs de la campagne « Europe : c’est le moment d’en parler » et rédacteur en chef du magazine italien Nuova Umanità [NdT : Humanité Nouvelle].

L’article de Città Nuova :

Il reste moins de deux mois avant les élections européennes du 26 mai : des élections de moins en moins suivies. Les prochains votes auront un grand poids politique – national et international – parce que les nouveaux députés contribueront à définir le profil futur de l’Union Européenne : plus ouverte et accueillante ou plus centrée sur les besoins des différents pays. Sur les réseaux sociaux – un nouveau lieu de rencontre, parfois violent – il y a aussi ceux qui proposent un dialogue approfondi : c’est le cas de « Europe : c’est le moment d’en parler », une campagne promue par le Mouvement des Focolari, dont nous parlons avec le politologue Alberto Lo Presti. Face aux tentatives de manipulation du consensus, le directeur du magazine Nuova Umanità argumente, clarifie ; c’est une nécessité démocratique.

Lo Presti, qu’est-ce que « Europe : c’est le moment d’en parler » ?

Il s’agit d’une campagne sur les réseaux sociaux, sur Facebook en particulier, pour intervenir dans le débat public à l’occasion des prochaines élections au Parlement européen en introduisant des éléments de la culture de l’unité. Il y a des tentations souverainistes et un retour à des positions fortement nationalistes, ceux qui ont une vocation à l’unité ne peuvent rester indifférents ou neutres.

Pourquoi une campagne Facebook ?

Les réseaux sociaux sont des « espaces » où les sournois s’infiltrent avec leurs sournoiseries pour tenter de manipuler et d’influencer le jugement ; des experts relèvent les nombreuses contrevérités. Tout cela interpelle la démocratie et les nouvelles formes de participation. Il est clair qu’il y a des groupes d’influence qui aspirent à un désordre mondial pour avoir les mains libres dans la poursuite de leurs propres intérêts et pour parvenir à une discorde qui perturbe les objectifs d’unité politique et de dialogue entre peuples. Intervenir sur les réseaux sociaux, c’est défendre la logique de la démocratie : tout le monde peut intervenir, être en désaccord, adhérer. Nous pensons qu’il est décisif que les réseaux sociaux ne soient pas laissés entre les mains de ceux qui attisent la haine en politique.

Comment votre campagne se concrétise-t-elle ?

Alors qu’une Europe plus solide et plus unie est en discussion, nous voulons montrer, tout d’abord, comment elle a été le rêve et l’inspiration de tant de grands acteurs de l’histoire. Nous commencerons par ceux qui ont vécu et travaillé pour l’unité du monde. Ensuite, nous rapporterons de brèves pensées de Chiara Lubich, Igino Giordani, Pasquale Foresi, Klaus Hemmerle [NdT : qui ont inspiré le Mouvement des Focolari], et d’autres tels que De Gasperi, Schuman, Adenauer… Nous essayerons d’actualiser leur message avec quelques commentaires qui rejoignent les défis des élections européennes de cette année.

Quel est votre objectif ?

Il y en a beaucoup. Tout d’abord de faire en sorte que le plus grand nombre ou la totalité des électeurs puissent voter. Deuxièmement, éviter de céder à la flatterie des souverainistes. Troisièmement, renforcer l’image de l’Europe avec des valeurs qui sont spécifiquement les nôtres, telles que l’unité, le bien commun, la solidarité, la coopération…

Comment concilier le dialogue que vous encouragez avec le frein que vous voulez mettre au souverainisme ?

Le vrai dialogue exige organisation, préparation, définition des objectifs et des moyens de les atteindre. Le dialogue en politique, par exemple, se fait avec la logique de la politique. La logique politique étant liée au choix de la valeur (plus ou moins d’Europe ?), échapper à ce choix signifie quitter le champ politique et donc rejeter le dialogue politique. Si vous voulez rester sur le plan culturel ou spirituel, c’est bien mais si vous voulez vous engager dans le dialogue politique, vous devez suivre la logique qu’il implique. Freiner le souverainisme est le résultat d’une vision du monde en laquelle nous croyons et pour laquelle nous sommes prêts à nous donner à nos frères et sœurs, qui ils soient. Elle n’est certainement pas animée par la haine envers qui que ce soit. [NdT : le sujet du souverainisme est particulièrement sensible en Italie]

Certains qualifieraient cela d’angélisme…

Nous n’avons pas honte de dire que nous aimons le bien, le bon, le juste, le solidaire. Si tout cela signifie être angélique, c’est-à-dire empêcher les naufragés de mourir en mer par notre aide, alors nous aimons que cette épithète nous soit attribuée.

Vous demandez plus d’Europe dans la vie des citoyens. Connaissez-vous également les limites que l’Union Européenne a montré et comment vous pourriez essayer de les corriger ?

Bien sûr, ces limites sont si bien présentes que nous pensons que nous avons besoin d’une Europe encore plus politique pour les surmonter. Ces limites ont un nom précis : elles sont l’égoïsme des états nationaux qui agissent sur la scène publique, freinant les aspirations légitimes de l’Europe. Pour surmonter ces limites, nous avons besoin de plus d’Europe, pas de moins d’Europe. Le souverainisme est le problème ; ce n’est pas une solution au problème. C’est précisément l’égoïsme qui empêche l’Europe d’être politiquement unie et la relègue souvent à un rôle plus bureaucratique.

Qui ciblez-vous avec votre campagne ?

Tous ceux que nous pouvons rencontrer sur les réseaux sociaux par la multiplication de nos publications. Le Mouvement des Focolari, qui n’est pas une secte restreinte, a une grande force et une capacité à rencontrer les personnes. Comme toujours, nous faisons appel à toutes les personnes de bonne volonté et nous espérons également amener de nombreux électeurs indécis à voter lors des prochaines élections européennes en accord avec les objectifs du monde uni. Comme l’a dit Chiara Lubich (fondatrice des Focolari) à Inssbruck en 2001, une Europe unie doit être un pas vers un monde uni.

Les Focolari voulaient-ils la reconnaissance des racines chrétiennes de l’Europe ? Aujourd’hui, ils demandent d’accueillir les musulmans. Y a-t-il une contradiction ?

Absolument pas, car le message chrétien est un message de salut pour tous les hommes. Puisque l’Église chrétienne ne rejette rien de ce qui est vrai et saint dans les autres religions, comme le dit le Concile Vatican II, ce problème n’existe pas. Les chrétiens ont cette dimension universelle pour être prêts à accueillir tout le monde, parce qu’ils voient en chacun un fils de Dieu, un frère. Il n’y a pas de contradiction : c’est exactement le contraire. Ce chrétien qui s’est enfermé dans sa clôture protégée battrait en brèche les raisons mêmes du christianisme, parce qu’il rejetterait le message de salut universel qu’il a introduit dans l’histoire.

Source : Facebook / Europe : time to dialogue et www.cittanuova.it (en italien).

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